Les temps qui courent réservent trop peu de bonnes nouvelles pour que l’on puisse se permettre de relativiser celle-ci : l’acte 2 du confinement débuté le 30 octobre n’altère cette fois que faiblement l’exercice de nos missions.
S’agissant de l’EPDEF, les deux périodes de confinement présentent en effet des différences évidentes même si de lourdes contraintes pèsent toujours sur notre fonctionnement.
Alors que nombre de nos services avaient été conduits à fermer (ou limiter très fortement leur action) en mars-avril, nous ne comptons désormais aucune activité à l’arrêt. Et c’est bien sûr une excellente nouvelle pour les enfants et familles que nous accompagnons.
Compte tenu des enseignements tirés du premier confinement des possibilités qui semblaient s’offrir dans le contexte d’octobre, nous avons rapidement pris position pour maintenir autant que possible le fonctionnement de nos services.
Les directives établies par le Gouvernement et le Département sont venues conforter les orientions que nous avions adoptées dans le sens d’une dégradation des plus limitées de nos activités.
Un consensus fort existe en effet au sein de l’établissement pour éviter au maximum de faire subir une seconde fois aux personnes que l’on accompagne les conséquences particulièrement sensibles d’une restriction drastique de nos actions. On ne peut qu’être frappé par l’engagement des équipes pour que l’intérêt des enfants, leurs droits mais aussi ceux de leur famille soient préservés dans toute la mesure du possible.
Ainsi, cette fois, les droits de visites, d’hébergement, les passages à domicile, les rendez-vous, les accueils de jour et en EAJE continuent majoritairement à s’exercer. Dans des conditions, cependant, particulièrement strictes et contraignantes.
Car il ne s’agit en aucune façon de déconsidérer le risque sanitaire qui, nous le voyons tous, sévit pour l’instant sans relâche. Y compris, forcément, parmi nous.
Les mesures de prévention que nous avons mises en place dans nos différents protocoles sont allées crescendo depuis le mois de septembre à un point tel qu’elles nous étreignent désormais du matin au soir. Il s’agit d’ailleurs moins de « mesures à appliquer » que d’une attitude raisonnée tendant à s’organiser et à agir en prévenant au mieux le risque de se contaminer ou de contaminer autrui. De toute façon, aucun catalogue de mesures ne serait à même d’anticiper toutes les situations que nous réserve le quotidien original qui se vit à l’EPDEF.
L’adaptation du fonctionnement institutionnel et tous les ajustements organisationnels mis en place sont détaillés dans la troisième édition de notre plan de continuité d’activité. Le port du masque, l’hygiène renforcée, la distanciation sociale et l’aération massive (même quand il fait froid !), apparaissent de façon confirmée comme réellement essentielles. Toute une logistique interne s’est mise en place en conséquence, pas de pénurie en vue pour le matériel de protection.
De même, la mise à l’isolement des personnes positives au Covid 19 et des « cas contact à risque » est évidemment aussi une des protections les plus importantes contre la propagation du virus au sein des services. Sur ce point, la rapidité de la réaction est capitale. C’est pourquoi, même s’il appartient par principe à l’ARS et à la CPAM de décider, dans le cadre du contact tracing, des mises à l’isolement, nous avons adopté une position institutionnelle que je vous reproduis ci-dessous :
* Si le professionnel a été « cas contact » avec une personne positive au Covid 19 qui vit sous le même toit que lui, il doit s’isoler immédiatement puis rencontrer son médecin et faire le test en principe rapidement.
* Si le professionnel a été « cas contact » avec une personne malade avérée du Covid 19 qui ne vit pas sous le même toit que lui, c’est en principe à l’ARS ou la CPAM de déterminer les mesures à prendre. Mais si l’on estime que ce cas contact est à risque, (proximité durable, partage d’un repas où concomitamment chacun aurait enlevé son masque…), nous devons nous-mêmes prendre l’initiative très rapidement de la mesure d’isolement. Dans ce cas de figure, le Ministère de la santé préconise que le test s’effectue 7 jours après le contact avec la personne malade (ou plus rapidement si des symptômes sont ressentis) et de rester isoler jusqu’ à son résultat.
* En toute hypothèse, nous prévenons les personnes « cas contact » (professionnels et usagers) que nous sommes en mesure d’identifier.
A l’heure où s’écrivent ces lignes, la seconde vague de Covid a touché une vingtaine de professionnels parmi les 435 que compte désormais l’EPDEF. Côté enfants et jeunes accueillis, 6 cas ont été recensés. Ces chiffres ne reflètent bien sûr que les cas avérés suite à un test positif.
L’ensemble des dispositions préventives en vigueur dans l’établissement est globalement très respecté. Courage et sens des responsabilités l’emportent sans conteste sur la lassitude qu’engendre le prolongement de cette période calamiteuse. Les enfants accueillis font eux aussi preuve de beaucoup de courage pour supporter tous ces bouleversements, leur capacité d’adaptation est souvent réellement impressionnante.
A cet égard, de nombreuses initiatives sont prises dans les services pour ne pas laisser la sinistrose envahir les esprits. En ce sens, les « défis Covid » du premier confinement ont été une belle réussite et les mini- fêtes des enfants mises en place malgré tout pour les MEA d’ARRAS, de LIEVIN, de BLENDECQUES ainsi que pour la MPE ont été particulièrement bienvenues. Avec à chaque fois, même sous une pluie diluvienne (!), beaucoup de temps consacré dans un très bon état d’esprit de la part des équipes des structures concernées et de toutes celles et ceux qui contribuent à faire vivre l’évènementiel. Ils ont d’ailleurs récemment récidivé pour une fête d’Halloween confinée mais joyeusement sinistre où plusieurs services ont rivalisé de lugubres réalisations… Je vous laisse admirer !
Par ailleurs, afin d’apporter davantage de solutions d’accueil et de faire baisser la pression sur les services existants en cette période de crise, il a été envisagé, dans une réflexion commune avec le Département, de réitérer l’expérience insolite et délicate d’installation d’une MECS temporaire.
Dans la même logique qu’en avril dernier, lorsque l’EPDEF avait créé en urgence la « MECS de BOUVIGNY BOYEFFLES », nous avons travaillé au développement rapide d’une structure du même type.
Le challenge a été relevé : l’EPDEF ouvrira en effet pour au moins une année une nouvelle MECS en décembre prochain, dans le secteur Audomarois. Le site d’une ancienne clinique à LONGUENESSE, fermée en 2019, est loué par l’EPDEF depuis mi-novembre. Il s’agit d’un bâtiment d’environ 1 000 m2 de construction récente (2010), dans lequel nous accueillerons une vingtaine d’enfants. La qualité des lieux permettra d’offrir aux enfants qui y séjourneront un environnement adapté (cadre verdoyant à proximité immédiate des centres urbains de LONGUENESSE et St OMER, locaux spacieux en bon état, chambres comportant chacune leurs propres toilette et salle d’eau…). L’équipe municipale de LONGUENESSE et les riverains directs du site ont réservé un excellent accueil à ce projet et se sont montrés particulièrement sensibles à l’enjeu d’intégration des enfants à la vie de la commune (enseignement, culture, sport…).
Sur ce sujet comme sur tant d’autres, l’EPDEF est au rendez-vous des innombrables défis aiguisés par le contexte.
Dans le quotidien de l’accompagnement des enfants et des familles comme dans les nombreuses actions d’adaptation et de développement de l’établissement, ce qui s’accomplit est particulièrement signifiant. Grâce à la mobilisation réellement remarquable dont beaucoup font preuve malgré les contraintes et les difficultés, l’EPDEF parvient à se situer la hauteur de la cause que nous avons choisi de servir, tous ensemble.
François NOËL
Directeur Général de l’EPDEF